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Les premières chaleurs arrivèrent, après un printemps très
court. Outre que les Parisiens les supportèrent difficilement, elles vont
déclencher un mal qu'ils ne connaissaient pas: le paludisme. Il faut songer
qu’à cette époque ignore tout des causes de cette maladie ; on a
simplement constaté qu’elle sévit dans la saison chaude et à proximité des
marais. Le paludisme est connu en Europe notamment en Italie où il porte le
nom de malaria ( mauvais air ). Depuis 1834, pourtant, le Docteur Maillot, à
Bône, le traite, sommairement encore, avec le sulfate de quinine. Mais ce
produit est cher (1f le gramme) et rare, pas encore répandu partout. On en
distribuera cependant gratuitement jusqu'en 1851, quand il y en aura.
L'ambulance
militaire ne peut suffire à sa tâche et les malades graves sont évacués
sur Cherchell (28 km) ou Blida (40 km) par des pistes épouvantables, sur des prolonges
non
suspendues ou à dos de mulet ! Beaucoup n'y survivront pas.
En juillet 8 décès impressionnent à tel point les colons que 41 demandent
leur rapatriement, puis en août 10 décès et 37 départs et en septembre 18
décès et 15 départs.
Le choléra succède
au paludisme. La situation est tellement épouvantable que les corvées qui
doivent porter les morts au cimetière ne peuvent pas toujours être
formées. Le Capitaine Directeur doit remonter le moral de tous et prend
lui-même plus d'une fois sur ses épaules le bras de la civière
emportant un cercueil. De Malglaive fait appel aux soeurs de charité Saint-Vincent-de-Paul. Elles se transforment en infirmières, recueillent les orphelins. Grâce à une avance de 10 000 francs consentie par de Malglaive sur ses deniers personnels, elles construisent des bâtiments. |