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Fin janvier
1849, les cinq convois avaient rallié le centre. La population totalisait
alors 865 personnes, ouvriers et artisans parisiens pour la plupart et
leurs familles. La colonie avait reçu 185 chevaux ou mulets, sans harnais,
et 28 charrues, sans accessoires. Imprévision inconcevable, qui va
retarder les travaux de mise en culture.
Le rapport de fin janvier du directeur est favorable : situation morale
satisfaisante, foi des colons dans l'avenir, travail régulier, habitudes et
conduite généralement sages. Mais nous lui attribuerons la valeur souvent
optimiste des rapports de chefs d'établissements. Dans la réalité, beaucoup
de colons se plaignaient de n'avoir pas trouvé ce qu'on leur avait laissé
espérer. La plupart travaillaient avec ce qui avait été leurs habits du
dimanche, qui seront bientôt en loques. Hommes et femmes recevront de vieux
vêtements militaires quand il y en aura. Les baraques et les tentes prévues
pour 800 sont insuffisantes et les parasites foisonnent sans qu'on puisse
les combattre efficacement. Pour sanitaires des feuillées et la campagne. La
nourriture est médiocre et se gâte rapidement avec la chaleur et les
mouches. La distribution tarde souvent et il faut se contenter de ce q'on a,
c'est-à-dire peu de chose. La vie en commun , dans des conditions pénibles
se dégradera rapidement, jusqu'à ce que les maisons soient bâties. La
proximité de nombreux célibataires, hommes de troupe déportés et condamnés
n'est pas pour faciliter les choses.
Toutefois, la
colonie se met au travail. On commence par les jardins. Au début, on
ensemencera en commun : avec les travaux entrepris, il est impossible à
chacun de s’occuper de son lot. Cinq hectares d'abord, sous la direction
d’un moniteur agricole qui organise une pépinière et commence à planter
des arbres, qui font cruellement défaut : 1500 mûriers (on songe beaucoup
à la sériciculture), 100 frênes, 200 noyers, 800 pieds de vigne, 6 chênes
liège, 2 pêchers, 1 grenadier, 4 citronniers, 1 prunier, 30 oliviers, 16
figuiers sont mis en terre. Mélange un peu hétéroclite, mais on cherche à
connaître les essences adaptées. On y adjoindra une ruche, un essaim ayant
été trouvé dans là forêt. C'est la pépinière qui fournit les colons de replants
et l’hôpital de légumes. Elle occupera pendant les deux mois
d’organisation, 10 ouvriers (à 0,20f par jour) puis six ouvriers
permanents ( à 2,50 f) mais le directeur de la colonie désirerait un
jardinier chef et deux aides. Voeu pieux. On enlèvera bientôt les
moniteurs agricoles...
En
février, 15 nouveaux hectares seront labourés en commun et plantés de
pommes de terre destinées à être partagées entre tous les colons. Le
cheptel mort et vif étant insuffisant, de Malglaive obtient une dotation
de 18 chevaux ou mulets, 60 boeufs, 684 truies et 57 pourceaux, 36 charrues,
10 herses, 8 charrettes à bœufs, 1 tombereau et des outils aratoires. Le village prenait vie. Les colons étaient employés aux travaux d’établissement du centre, ce qui leur permettait de gagner quelque argent. Plusieurs chantiers étaient ouverts, répondant à des besoins tous aussi urgents. L'armée y prit une part importante. |