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Le 5 août 1876 (4 ans après) la Commission propose la création du centre Vallée du Nador. Le projet prévoit l'installation d'un village de 20 familles, chacune disposant de 30 ha, avec un communal de 10 ha et de 12 fermes de 50 ha. L'arrêté du 25 novembre de la même année porte que le centre de Nador serait situé sur un plateau dominant la vallée, en vue sur la mer, et réunissant de bonnes conditions tant au point de vue salubrité que celui de la sécurité. Ce plateau serait relié au km 5,700 de la route de Marengo à Tipasa par un chemin d'accès dont la construction exigerait l’établissement d'un pont et d'un ponceau. Sous le rapport de l’alimentation en eau potable, une dérivation de l'oued Ismaden et l’aménagement d'une source connue sous le nom d'Aïn-Merdja pourvoiraient aux besoins de la population. Le périmètre du Nador embrasserait une superficie de 1008 ha, dont 508 ha appartenant aux Domaines de l'Etat. Ces 508 ha se décomposent en 233 ha de terre de culture et 275 ha formant la forêt du Bou-Rouis. Le surplus du territoire, soit 500 ha, est détenu par divers indigènes et un Européen, le Dr Durand, qui s'est rendu acquéreur par la voie judiciaire, d'une superficie de 140 ha moyennant un prix de 17.000 francs. Il y aura lieu de pourvoir à l'expropriation de ces terrains, à l'exception toutefois de la propriété Durand, et d’offrir aux indigènes dépossédés des compensations territoriales dans les Beni Menasser Chéragas où l'État possède 6.000 ha provenant du séquestre. La Commission a proposé d'installer 20 familles au Nador en leur donnant à chacune 30 ha en moyenne et de maintenir les 275 ha de la forêt du Bou-Rouis sous le régime forestier, sauf à les attribuer au hameau à titre de dotation forestière communale. Le 15 mars 1877, le plan du village est dressé. Le 28 août, une décision préfectorale précise les travaux à réaliser pour le peuplement du centre, prévu dès la fin de l'année : chemin d'accès, y compris le pont sur l'oued Ismaden, ouverture des rues et boulevards, aménagement des eaux : lavoir, fontaine, abreuvoir, conduite, creusement d'un puits. L'affaire, qui a traîné 6 ans, est maintenant menée rondement. Les travaux sont adjugés le 3 octobre à un entrepreneur de Marengo, Adrien Gay (parmi les soumissionnaires, on relève les noms de Danière, d'El-Affroun, de Riffard, de Cherchell), Fin 1877, paradoxalement, le Maire de Marengo doit rappeler au Préfet, qui lui transmet les ordres, que Desaix fait partie de la commune de Cherchell, distante de plus de 20 km. Autre joyeuseté administrative : la Préfecture et les Ponts et Chaussées entrent en conflit, chacune revendiquant le pouvoir de désigner les lots. Mais les premiers colons sont déjà arrivés. Les uns s’installent comme ils le peuvent, d'autres repartent à Alger déclarer à la Préfecture qu'ils n'ont pu prendre possession de leur lot urbain. Lors des expropriations, on avait laissé entendre que les propriétaires auraient la jouissance de leurs terres jusqu'à la récolte. Fin décembre, le Préfet demanda au Maire de Marengo de faire libérer immédiatement les terres expropriées. On verra cohabiter allocataires et anciens propriétaires. Le 8 février 1878, le Maire de Cherchell signale dans un télégramme au Préfet ''que les lots de jardin du village du Nador ont été cultivés cette année par les indigènes dépossédés. Il n'y aurait aucun inconvénient à ce que les colons admis dans ce centre puissent prendre possession dès maintenant de leurs lots de jardin en prenant toutefois des arrangements avec les indigènes expropriés". La plus grande anarchie va régner sur les premiers temps de l'installation de ce village. Alors que l'admission de 20 colons, 7 algériens et 13 immigrants faisait l'objet d'une décision du 26 septembre 1877, le Maire de Cherchell O. Lafitte, qui s'est rendu le 15 juin 1878 sur les lieux, constate l'installation d'attributaires qui n'ont pas informé la commune de Cherchell. (rappelons qu'elle est distante d'une vingtaine de kilomètres). De plus, 3 concessionnaires seulement y résident : M de Noter et ses deux fils qui habitent une maison de bois genre chalet, M. Rouis Dominique qui tient un débit dans une baraque en bois, M. Maynadier qui loge dans un gourbi de torchis couvert de diss. Le Maire constate également dans son rapport :
En juillet, une plainte de de Noter expose, entre autres sujets de griefs "qu'ils meurent littéralement de soif et que l'eau d'irrigation fait défaut pour l'arrosage des arbres''.
Le 30 septembre
1878 paraît le décret de création de Desaix. Le village portera ainsi le nom
d'un Général qui s'est illustré, mais a été tué à la bataille de Marengo. Ces détails montrent l'incohérence qui présida aux premières années de ce centre. Après 3 à 5 années de "résidence", 22 titres de propriété étaient délivrés, 14 à des immigrés, 8 à des Algériens. Pourtant, nombre de ces concessionnaires n'habitaient pas Desaix et faisaient valoir en fermage ou en métayage. Dès qu'ils eurent leur titre de propriété, la plupart vendirent. En 1880, un pharmacien de la Chapelle Saint Denis demanda uns concession de 99 ha pour la culture du ricin, dont l'huile servait alors au graissage des machines. D'autres demandes, plus ou moins cocasses, avaient été présentées. Nous n'avons pu résister au plaisir d'en reproduire une dans les compléments. En 1881, à la demande de ses habitants le Nador et la ferme Durand sont distraits de Cherchell pour être rattachés à Marengo. Chacune des sections de Marengo, Montébello, Tipasa et Desaix aura un adjoint au Conseil municipal de Marengo. Bien entendu, la Commune de Cherchell, dans sa séance du 15 avril 1879, avait marqué une vive opposition, mais la logique voulait que Desaix soit rattaché au chef-lieu de beaucoup la plus proche. La population comptait en :
Si la malaria se fit sentir pendant la période du défrichage, l'état sanitaire était satisfaisant au début du siècle. L'aménagement de l'oued Bou-Ismaden produisait 108 m3 d'eau par jour et le puits-noria 43 m3. Le surplus était utilisé pour l’irrigation. La culture de la vigne donna un essor incomparable à ce village aux débuts si difficiles. Son territoire de coteaux propre à cette culture en fit un centre prospère. C'est l'extension de cette culture qui explique l'accroissement de la population entre 1896 et 1901. D'autre part, un port d’embarquement du vin, Tipasa, n'était distant que de 5 km. En 1909 les CFRA prolongeaient jusqu'à Cherchell la voie d'El Affroun à Marengo. Elle rendit d'appréciables services pendant cette période d'essor en attendant la relève des transport par camions. Une enquête menée en janvier 1903 constatait que 12 immigrants restaient en possession de leur lot et 7 Algériens ; que 6 propriétaires nouveaux l'étaient par acquisition du titre définitif (3 in. + 3 Al.). Quant aux concessionnaires disparus, 2 immigrants avaient vendu et 3 loué ; 4 Algériens avaient vendu et 1 loué ; 12 immigrants étaient restés en Algérie et 2 avaient regagné la métropole. La population de Desaix diminua très rapidement à partir de 1901. En 1954 la population était tombée à 111, alors que la population indigène comptait 487 personnes. |
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